Place principale avec la Mairie et l'Ecomusée à Fontaine de Vaucluse, Pays de La Sorgue, Vaucluse (84
La Mairie, la Colonne de Pétrarque et l'Ecomusée à Fontaine de Vaucluse, Pays de La Sorgue, Vaucluse (84)

 

Fontaine de Vaucluse est vraisemblablement l'un des sites naturels le plus visité du Vaucluse. Fontaine de Vaucluse fait partie du Pays des Sorgues (en limite du Lubéron).

En période estivale, les rues de Fontaine de Vaucluse sont littéralement envahies par la foule et les magasins de souvenirs (santonniers, tissus, produits locaux, confiseries) pris d'assaut...Pour pouvoir flâner tranquillement dans les charmantes ruelles du village, il faut être matinal.

En période estivale, Fontaine de Vaucluse est, malgré la foule qui s’y presse, un havre de fraîcheur grâce à La Sorgue et à ses ruelles ombragées (notamment la place principale avec ses immenses platanes).

Ce succès tient essentiellement à la très impressionnante source qui jaillit au pied d'une falaise de 230 m de haut. Cette gigantesque fontaine est la plus puissante de France (et la cinquième mondiale) avec un débit d'eau annuel de 630 millions de mètres cubes. Ses eaux vert-émeraude, généralement calmes l'été, deviennent spectaculaires en période de crue (en automne et au printemps) : 90 m3 par seconde se déversent dans le lit de la Sorgue. En toutes saisons des sources secondaires alimentent la rivière et forment un très beau plan d'eau ombragé par d'immenses platanes.

Une petite visite au moulin à papier-chiffons s’impose car c’est un véritable retour dans le passé… Sans oublier un bon repas (ou une halte pour se désaltérer) aux terrasses des cafés-brasseries-restaurants qui bordent de pleins pieds La Sorgue. Vous aurez même l’agréable surprise de voir venir à votre rencontre, au fil de La Sorgue, de sympathiques canards qui viendront quêter quelques morceaux de pain durant votre repas.

Fontaine de Vaucluse qui a le privilège d'avoir donné son nom au département, tire son étymologie de sa curiosité géographique "Vallis Clausa" : Vallée Close : Vaucluse. Ce site pittoresque se trouve en effet dans une vallée profonde avec un paysage parsemé de grottes et de vallons. Il a inspiré de nombreux artistes dont les plus célèbres furent Frédéric Mistral, François Pétrarque et René Char. Tous furent séduits par la beauté du site et l'enchantement procuré par leurs promenades le long de la Sorgue et de ses rives verdoyantes.

 

Ecomusée Santons et Traditions de Provence sur la place principale à Fontaine de Vaucluse, Pays de La Sorgue, Vaucluse (84)
Ecomusée Santons et Traditions de Provence sur la place principale à Fontaine de Vaucluse, Pays de La Sorgue, Vaucluse (84)
Fontaine de la Mairie à Fontaine de Vaucluse, Pays de La Sorgue, Vaucluse (84)
Fontaine de la Mairie à Fontaine de Vaucluse, Pays de La Sorgue, Vaucluse (84)
Place principale et restaurants sur La Sorgue, Fontaine de Vaucluse, Pays de La Sorgue, Vaucluse (84)
Place principale et restaurants sur La Sorgue, Fontaine de Vaucluse, Pays de La Sorgue, Vaucluse (84)
Restaurants sur La Sorgue, Fontaine de Vaucluse, Pays de La Sorgue, Vaucluse (84
Restaurants sur La Sorgue, Fontaine de Vaucluse, Pays de La Sorgue, Vaucluse (84)
Restaurant en bordure de La Sorgue et roue à eau, Fontaine de Vaucluse, Pays de La Sorgue, Vaucluse (84)
Restaurant en bordure de La Sorgue et roue à eau, Fontaine de Vaucluse, Pays de La Sorgue, Vaucluse (84)
Roue à eau sur La Sorgue avec en face des restaurants "les pieds dans l'eau", Fontaine de Vaucluse, Pays de La Sorgue, Vaucluse (84)
Roue à eau sur La Sorgue avec en face des restaurants "les pieds dans l'eau", Fontaine de Vaucluse, Pays de La Sorgue, Vaucluse (84)
La Sorgue à Fontaine de Vaucluse, Pays de La Sorgue, Vaucluse (84)
La Sorgue à Fontaine de Vaucluse, Pays de La Sorgue, Vaucluse (84)
Commerces le long du chemin menant au gouffre et sa résurgence, Fontaine de Vaucluse, Pays de La Sorgue, Vaucluse (84)
Commerces le long du chemin menant au gouffre et sa résurgence, Fontaine de Vaucluse, Pays de La Sorgue, Vaucluse (84)
Commerces le long du chemin menant au gouffre et sa résurgence, Fontaine de Vaucluse, Pays de La Sorgue, Vaucluse (84)
Commerces le long du chemin menant au gouffre et sa résurgence, Fontaine de Vaucluse, Pays de La Sorgue, Vaucluse (84)
Restaurants en bordure de La Sorgue et le long du chemin menant au gouffre et sa résurgence, Fontaine de Vaucluse, Pays de La Sorgue, Vaucluse (84)
Restaurants en bordure de La Sorgue et le long du chemin menant au gouffre et sa résurgence, Fontaine de Vaucluse, Pays de La Sorgue, Vaucluse (84)
La Sorgue et ses reflets le long du chemin menant au gouffre et sa résurgence, Fontaine de Vaucluse, Pays de La Sorgue, Vaucluse (84)
La Sorgue et ses reflets le long du chemin menant au gouffre et sa résurgence, Fontaine de Vaucluse, Pays de La Sorgue, Vaucluse (84)
La Sorgue et ses reflets le long du chemin menant au gouffre et sa résurgence, Fontaine de Vaucluse, Pays de La Sorgue, Vaucluse (84)
La Sorgue et ses reflets le long du chemin menant au gouffre et sa résurgence, Fontaine de Vaucluse, Pays de La Sorgue, Vaucluse (84)
La Sorgue et ses reflets le long du chemin menant au gouffre et sa résurgence, Fontaine de Vaucluse, Pays de La Sorgue, Vaucluse (84)
La Sorgue et ses reflets le long du chemin menant au gouffre et sa résurgence, Fontaine de Vaucluse, Pays de La Sorgue, Vaucluse (84)
La Sorgue et ses reflets le long du chemin menant au gouffre et sa résurgence, Fontaine de Vaucluse, Pays de La Sorgue, Vaucluse (84)
La Sorgue et ses reflets le long du chemin menant au gouffre et sa résurgence, Fontaine de Vaucluse, Pays de La Sorgue, Vaucluse (84)
La Sorgue et ses reflets le long du chemin menant au gouffre et sa résurgence, Fontaine de Vaucluse, Pays de La Sorgue, Vaucluse (84)
La Sorgue et ses reflets le long du chemin menant au gouffre et sa résurgence, Fontaine de Vaucluse, Pays de La Sorgue, Vaucluse (84)
La Sorgue et ses reflets le long du chemin menant au gouffre et sa résurgence, Fontaine de Vaucluse, Pays de La Sorgue, Vaucluse (84)
La Sorgue et ses reflets le long du chemin menant au gouffre et sa résurgence, Fontaine de Vaucluse, Pays de La Sorgue, Vaucluse (84)
La falaise au-dessus du gouffre et de sa résurgence, Fontaine de Vaucluse, Pays de La Sorgue, Vaucluse (84)
La falaise au-dessus du gouffre et de sa résurgence, Fontaine de Vaucluse, Pays de La Sorgue, Vaucluse (84)

Le village est dominé par une gigantesque falaise de 230 à 240 m où la fontaine a creusé sa résurgence. C’est un siphon de 308 m de profondeur, dont 223 sous le niveau de la mer. Cette énorme source a donné son nom à toutes les "fontaines vauclusiennes" du monde.

Les premières explorations du gouffre ont débuté en 1878, et le point le plus bas, soit -308 m à partir de la surface de la grotte, n’a été atteint qu’en 1985 par un robot de la Société spéléologique de Fontaine de Vaucluse.

La Fontaine de Vaucluse, la plus grosse source de France, est ici appelée "la Fontaine". Celle-ci donne naissance à la Sorgue qui se divise en plusieurs bras dans la plaine comtadine et s'écoule en direction de Saumane-de-Vaucluse puis l'Isle-sur-la-Sorgue pour devenir ensuite un affluent de l'Ouvèze à Bédarrides et Sorgues et du Rhône à Avignon.

Elle est classée 5ème au rang mondial avec un débit d'eau annuel de 630 millions de m3 (20,0 m3/s). Le débit en fin d'été 2009 est descendu à 6 m3/s (79 cm), la sortie des eaux devient spectaculaire en période de crue (hiver et printemps avec un débit qui peut atteindre les 90 m3/s et dans ses plus forts débits, 170 m3/s).

La résurgence de Fontaine de Vaucluse est en fait la sortie naturelle la plus importante d’un "réservoir" (galeries et cavités du massif des monts de Vaucluse et du massif des Baronnies et draine, du Mont Ventoux à la Montagne de Lure, les eaux de pluie ainsi que la fonte des neiges) sur une surface totale de 1100 km2.

La falaise au-dessus du gouffre et de sa résurgence, Fontaine de Vaucluse, Pays de La Sorgue, Vaucluse (84)
La falaise au-dessus du gouffre et de sa résurgence, Fontaine de Vaucluse, Pays de La Sorgue, Vaucluse (84)
Le gouffre et sa résurgence, Fontaine de Vaucluse, Pays de La Sorgue, Vaucluse (84)
Le gouffre et sa résurgence, Fontaine de Vaucluse, Pays de La Sorgue, Vaucluse (84)
Le gouffre et sa résurgence, Fontaine de Vaucluse, Pays de La Sorgue, Vaucluse (84)
Le gouffre et sa résurgence, Fontaine de Vaucluse, Pays de La Sorgue, Vaucluse (84)
Le gouffre et sa résurgence, Fontaine de Vaucluse, Pays de La Sorgue, Vaucluse (84)
Le gouffre et sa résurgence, Fontaine de Vaucluse, Pays de La Sorgue, Vaucluse (84)
Eglise Saint Véran, Fontaine de Vaucluse, Pays de La Sorgue, Vaucluse (84)
Eglise Saint Véran, Fontaine de Vaucluse, Pays de La Sorgue, Vaucluse (84)

Cet édifice de style roman provençal date du XIème siècle. Il fut édifié par les moines de Saint-Victor de Marseille.

Elle renferme les fragments de frises carolingiennes remontant au VIIIème siècle et le sarcophage de Saint-Véran.

C'est une des plus anciennes du diocèse de Cavaillon qui soit intacte.

Elle est dédiée à Saint Véran, Evêque de Cavaillon, qui selon la légende terrassa la Coulure.

Statue de Saint Véran terrassant la Coulure devant l'église Saint Véran, Fontaine de Vaucluse, Pays de La Sorgue, Vaucluse (84)
Statue de Saint Véran terrassant la Coulure devant l'église Saint Véran, Fontaine de Vaucluse, Pays de La Sorgue, Vaucluse (84)
Girouette sur le clocher de l'église Saint Véran, Fontaine de Vaucluse, Pays de La Sorgue, Vaucluse (84)
Girouette sur le clocher de l'église Saint Véran, Fontaine de Vaucluse, Pays de La Sorgue, Vaucluse (84)
Dessus de la porte d'entrée de l'église Saint Véran, Fontaine de Vaucluse, Pays de La Sorgue, Vaucluse (84)
Dessus de la porte d'entrée de l'église Saint Véran, Fontaine de Vaucluse, Pays de La Sorgue, Vaucluse (84)
Le Château des Evêques, Fontaine de Vaucluse, Pays de La Sorgue, Vaucluse (84)
Le Château des Evêques, Fontaine de Vaucluse, Pays de La Sorgue, Vaucluse (84)

Construit vers 1030 (vraisemblablement en même temps que l’Eglise) : un acte de donation en fait mention en 1034, mais les ruines qui existent aujourd’hui dateraient du début du XIIIème siècle.

C'est dans ce château que François Pétrarque rendait visite à son ami, Philippe de Cabassole, évêque de Cavaillon...

Perchées très haut au dessus du village, les ruines constituent un but de balade fort agréable. De là, la vue embrasse un panorama exceptionnel sur Fontaine de Vaucluse, la source et une grande partie de la région.

Le Château des Evêques, Fontaine de Vaucluse, Pays de La Sorgue, Vaucluse (84)
Le Château des Evêques, Fontaine de Vaucluse, Pays de La Sorgue, Vaucluse (84)
L'aqueduc de Gallas, Fontaine de Vaucluse, Pays de La Sorgue, Vaucluse (84)
L'aqueduc de Gallas, Fontaine de Vaucluse, Pays de La Sorgue, Vaucluse (84)

Le pont-aqueduc de Gallas fut construit en 1857 pour permettre au canal de Carpentras de franchir la vallée de La Sorgue. Il est classé Monument Historique.

Ce canal d’irrigation, dit de Carpentras, prend naissance dans la Durance près de Mérindol et arrose la plaine du Comtat avant de se jeter dans l’Ouvèze.

Pour traverser le territoire de la commune, le canal nécessitait l’édification de 2 aqueducs, un au-dessus de la Sorgue et l’autre, plus petit, pour enjamber le Val St Nicolas...

C'est le principal ouvrage aérien du canal de Carpentras.

La roue à eau extérieure du moulin à papier "Vallis Clausa", Fontaine de Vaucluse, Pays de La Sorgue, Vaucluse (84)
La roue à eau extérieure du moulin à papier "Vallis Clausa", Fontaine de Vaucluse, Pays de La Sorgue, Vaucluse (84)

Pour l’histoire

Lorsque la technique du moulin à papier passa d’Italie en France que fallait-il pour que cette industrie devienne florissante ? Essentiellement de l’eau, abondante et pure.

La Sorgue, rivière chantée par Pétrarque, était un site idéal pour que se développe la fabrication de ce formidable support de communication : le papier !

Le premier moulin à papier de Provence fut implanté à Carpentras en 1374.

Mais c’est Fontaine-de-Vaucluse qui, au cours des siècles suivants, devint le plus important lieu de production de papier.

Dans "Épître à la Postérité" Pétrarque écrivait : "Je rencontrai une vallée très étroite mais solitaire et agréable, nommée Vaucluse, à quelques milles d'Avignon, où la reine de toutes les fontaines, la Sorgue, prend sa source. Séduit par l'agrément du lieu, j'y transportai mes livres et ma personne".

La roue et les engrenages du moulin à papier "Vallis Clausa", Fontaine de Vaucluse, Pays de La Sorgue, Vaucluse (84)
La roue et les engrenages du moulin à papier "Vallis Clausa", Fontaine de Vaucluse, Pays de La Sorgue, Vaucluse (84)

Le fonctionnement

La roue : l'eau et le mouvement :

Pour faire fonctionner un moulin à papier, il faut évidemment de l’eau. Un jésuite Auvergnat du XVIIème siècle, le père Imberdis, écrivait : "Choisissez une région au climat doux et tempéré, car l’eau du ruisseau ne doit pas geler l’hiver ni se tarir l’été".

A propos de la qualité de l’eau il ajoutait : "Je tiens pour la meilleure celle dont le cristal pur et transparent laisse apercevoir le plus petit grain de sable sous sa profondeur".

De ce point de vue, la Sorgue offre évidemment toutes les garanties. Voilà pourquoi au XVIIIème siècle on comptait à Fontaine-de-Vaucluse jusqu’à 4 moulins.

L’eau, est à la fois l’énergie du moulin et la chimie du papier. Amenée par le bief, étroit canal fabriqué en bois ou en métal, elle s’écoule "par-dessous" la roue, poussant ses aubes (pales en bois), ce qui la fait tourner dans le sens des aiguilles dune montre (vu de l’extérieur). La roue du moulin de "Vallis Clausa" atteint 7 m de diamètre pour 2 m de large. Elle porte 48 pales. Cette roue et ses engrenages transmettent, par l’arbre à cames, ce mouvement de battoir aux maillets, répartis entre 5 piles.

L'arbre à cames :

L’arbre à cames, une poutre cylindrique de 6 m de long entrainée par une courroie portant sur l’axe de la roue, actionne les maillets en tournant sur lui-même.

Il est muni de cames, ergots saillants qui viennent heurter le bas du manche du maillet et le soulèvent. Celui-ci retombe de son propre poids et écrase les chiffons contenus dans la pile. Pour chaque maillet il y a 4 cames.

Tout le long de l’arbre, ces ergots sont disposés de façon à ce que tous les maillets ne se lèvent pas en même temps. Ils frappent l’un après l’autre.

Le maillet :

C’est un énorme marteau en sapin de 75 kg. Son manche, la queue de maillet, prend appui sur un socle, la grippe arrière. Sa base est traversée par un axe qui lui permet de pivoter verticalement.

A l’autre bout de ce manche se trouve l’éperon, pièce métal que la canne vient frapper. Le marteau se lève alors. Sous le maillet même, qui fait un mètre de long, il y a des clous qui vont broyer le contenu de la pile.

Chaque fois que ce marteau retombe, le haut du manche vient sur un autre guide, la grippe avant, qui lui sert de rail pour éviter tout mouvement latéral.

A noter : le maillet n’est pas tout à fait perpendiculaire à son manche, ainsi, lorsqu’il frappe, il imprime à la bouillie de chiffons une rotation qu’on pourrait comparer à celle que fait subir le pâtissier à sa pâte à tarte.

Les piles à maillets :

Il y en a 5 à "Vallis Clausa". Elles sont forées à la main dans du granit. Dans ces piles, 15 kg environ de chiffons mêlés à de l’eau vont devenir une pâte, passant d’une auge à l’autre. Pour chaque pile il y a 3 maillets qui frappent alternativement, ce qui permet à la pâte d’être brassée. Dans le creux se trouvent 2 pièces : l’une au fond en bois de hêtre est la fausse platine, l’autre, posée par dessus, en acier est la platine. Cet ensemble va supporter des heures durant le pilonnage du maillet. Dans la pile, la circulation d’eau est continuelle. Une sorte de bonde de fond, le "kas", permet l’évacuation des eaux de lavage des chiffons.

Le broyage dans la salle des piles à maillets dure de 24 à 36 heures.

Les piles à maillets du moulin à papier "Vallis Clausa", Fontaine de Vaucluse, Pays de La Sorgue, Vaucluse (84)
Les piles à maillets du moulin à papier "Vallis Clausa", Fontaine de Vaucluse, Pays de La Sorgue, Vaucluse (84)

Vidéos sur le fonctionnement du moulin de "Vallis Clausa" :

 

La fabrication

Les matières premières :

La matière première c’est le chiffon de chanvre, de coton ou de lin.

Autrefois, ces tissus subissaient un pourrissage durant quelques semaines, afin d’amollir les fibres. Cette opération n’est plus pratiquée aujourd’hui, et les chiffons vont directement au dérompoir où un ouvrier les découpe en fines bandes sur une lame de faux et les débarrasse de toute impureté (boutons, élastiques…).

Les paniers remplis de chiffe, c’est-à-dire de minces bouts d’étoffe, sont amenés dans ce que l’on peut considérer comme le cœur du moulin : la salle des piles à maillets. C’est ici que la magie va opérer : de la chiffe entre, de la pâte à papier ressortira.

La mise en œuvre :

Les bouts de chiffons mélangés à de l’eau vont passer successivement dans chacune des 5 piles et au bout de 24 à 36 heures, on a obtenu une pâte assez grossière. Pour l’affiner, on la passe dans un âtre type de pile dite "pile hollandaise". Ce système, inventé au XVIIIème siècle en Hollande, offre l’avantage de supprimer le pourrissage. La pile hollandaise est une cuve en fonte ovale dans laquelle tourne un cylindre muni de lames qui déchiquettent, pendant 1h30, la chiffe tout en assurant une circulation d’eau. Cette invention est un progrès car non seulement elle évite l’étape du pourrissage, mais elle permet d’obtenir un papier plus fin et plus lisse.

A titre indicatif, 4 piles à maillets peuvent battre 700 coups à la minute alors que dans la pile hollandaise on peut compter entre 50 et 100 000 coups de lame par minute !

A "Vallis Clausa" ces 2 systèmes sont utilisés de façon complémentaire.

La forme :

Dans la pile hollandaise, on peut ajouter à la pâte des fibres d’eucalyptus, pin et linters (coton) qui, grâce à leurs caractéristiques, améliorent la texture du papier.

On y met aussi de la colle à base de résine naturelle. Cela pour éviter que le papier en séchant reste absorbant comme du buvard. Enfin, la pâte prête à l’emploi est transvasée dans une cuve en cuivre.

Elle est blanche, relativement liquide, et maintenue homogène grâce à un brassage. Eventuellement il y sera ajouté des pétales de fleurs, des feuilles de fougères, des graminées et bien d’autres produits naturels soigneusement sélectionnés.

L’art de l’ouvreur, l’ouvrier papetier, peut alors s’exercer ! Appuyé contre le rebord de la cuve, après avoir bien remué cette pâte à l’aide du redable, l’ouvreur immerge une forme (sorte de tamis) au format de la future feuille dans le liquide.

La forme est composée de 2 parties. Le châssis de bois rectangulaire sur lequel est tendue une trame serrée de fils métalliques soutenue par des baguettes de bois. L’autre partie est la couverte : un cadre de bois qui s’ajuste sur le châssis. Les rebords de la couverture retiennent la pâte fluide et, de ce fait, déterminent l’épaisseur et le format de la future feuille. Sur le treillis métallique de cette forme, le papetier a généralement cousu le filigrane de la marque du moulin, et, éventuellement, un tranche-pâte (fil de laiton ou ficelle) qui permettra de partager cette feuille plus facilement après le séchage.

Le couchage :

Cette immersion est tout un art !

L’ouvreur puise dans le liquide épais, lui fait subir un mouvement de vague, puis une succession de va-et-vient de manière à enchevêtrer les fibres.

Après un bref égouttage il peut enlever la couverte : la feuille a pris forme.

C’est l’ouvrier coucheur qui prend la suite. Il saisit la forme et la retourne pour déposer la feuille sur un tapis de feutre de laine. Il va ainsi constituer une pile de 100 à 250 feuilles alternées chacune avec une couche de feutre. Cette pile, appelée porse, va passer sous une presse.

La presse :

On peut voir à "Vallis Clausa" une ancienne presse qu’on actionnait grâce à un cabestan nécessitant 4 hommes.

A ce système assez dangereux on préfère aujourd’hui l’utilisation d’une presse hydraulique, de surcroît plus efficace (40 à 60 % de l’eau évacuée).

Levage de la feuille et étendage :

Une fois la porse pressée, le leveur sépare les feuilles de papier des feutres. Action délicate car la feuille encore humide est très fragile. Une porse blanche est ainsi constituée. Il reste ensuite à monter à l’étendoir et déposer les feuilles à cheval sur des centaines de mètres de corde à l’aide du frelet. Le séchage dure entre 1 et 3 jours. L’opération terminée, on reconstitue une nouvelle pile de feuilles. Cela est nécessaire car, au séchage, le papier s’est gondolé. Il faut donc maintenir cette nouvelle pile à plat pendant 4 jours avec un poids dessus afin que ces ondulations disparaissent peu à peu.

Ensuite, chaque feuille passe au laminage. Autrefois les laminoirs n’existaient pas dans les moulins à papier. On employait des ouvrières, les lisseuses, qui polissaient chaque feuille avec une pierre de silex. Cela permettait d’avoir un papier parfait pour l’écriture. La technique du laminage a supprimé ce métier.

La fabrication est terminée. Il ne reste plus qu’à trier ces feuilles une par une, les empaqueter ou les imprimer, et les porter chez l’enlumineur qui les décorera par la technique du pochoir.

Ces papiers faits main sont sur forme plate comme au XVème siècle…

Les plus belles feuilles sélectionnées resteront en l’état pour servir aux calligraphes, peintres, éditeurs, aquarellistes… Ou bien seront transformées en papier à lettre, cartes de visite, de correspondance, faire-part, cartes de vœux, abat-jour…

L'atelier de fabrication du moulin à papier "Vallis Clausa", Fontaine de Vaucluse, Pays de La Sorgue, Vaucluse (84)
L'atelier de fabrication du moulin à papier "Vallis Clausa", Fontaine de Vaucluse, Pays de La Sorgue, Vaucluse (84)

Vidéo sur la fabrication du papier-chiffon au moulin de "Vallis Clausa" :

 

Quelques spécimens fabriqués au moulin à papier "Vallis Clausa"

Feuilles de papier avec des végétaux naturels incorporés :

Affiches, revues, gravures anciennes imprimées sur ce papier chiffon :

Cartes et arbres généalogiques anciens imprimés sur ce papier chiffon :

 

 

Et comme l’écrivait le poète René Char :

"Sorgue, tes épaules comme un livre ouvert propagent leur lecture"